Publié le Lundi 2 mai 2011 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Where is the cake ?
En 2007, Valve Software sortait Half-Life² sur consoles PS3 et Xbox 360. Histoire de re-vanter les mérites de ce jeu paru en 2004 sur PC, et 2005 sur Xbox première du nom, le développeur l’agrémentait de tout un tas de petits bonus et regroupait le tout dans un coffret baptisé Orange Box. Pour le coup, dans la catégorie « tout un tas de petits bonus », on trouvait Portal. Un petit jeu sans prétention, sorte de mini-coup d’essai.
Le but était simple : une vue façon FPS (vue subjective), une héroïne dotée d’une arme spéciale : grâce à elle, il était possible de créer deux portails communiquant l’un avec l’autre. L’occasion d’aller récupérer des objets inaccessibles, de se transporter d’un endroit à un autre pour actionner un levier, ou je ne sais quoi d’autre. Le joueur devait s’enquiller une petite vingtaine de puzzles, à résoudre surtout grâce à sa réflexion et sa capacité d’analyse.
Bien foutu, doté d’une ambiance rigolote, vraiment fun et avec une chanson de générique de fin qui restera dans les annales du jeu vidéo, Portal avait transformé ce « mini-coup d’essai » en véritable phénomène, et s’était hissé au rang de jeu culte. A tel point qu’aujourd’hui, Valve nous sort un Portal 2 en jeu unique.
Petit changement d’atmosphère… ou si peu. Vous revoilà dans les bottes de la même héroïne. Elle se réveille dans une chambre proprette, mais au confort rudimentaire. Le but ? Réaliser quelques étirements nécessaires pour voir si votre corps fonctionne encore. Nous sommes chez Aperture Science, vous êtes plongé dans une sorte de coma ou sommeil prolongé.
Lorsque vous êtes réveillé pour la seconde fois, des centaines d’années se sont écoulées. Un problème a fait qu’Aperture Science est en ruines et se désagrège de toutes parts. Wheatley, une sorte de robot en forme d’œil, va vous guider. Plus que la nécessité de s’échapper, il va falloir faire à nouveau opposition au programme fou, GLaDOS, qui dirige Aperture. Et cela passe une nouvelle fois par un passage obligé dans toute une série de salle de tests.
A la base, et dans son fonctionnement, le jeu n’a pas bougé d’un iota : on entre dans la salle de test par la porte d’entrée, on doit atteindre la porte de sortie à l’aide de son arme à portails. Il faut une nouvelle fois résoudre des puzzles. Ceux-ci seront à base de sauts, de tunnels aériens, de robots militaires à éviter ou à détruire, de cubes à poser sur des interrupteurs, de lasers à dévier ou éviter, et de gels. Il existe trois sortes de gels. Le bleu pour sauter haut. L’orange pour glisser vite. Le blanc pour rendre n’importe quelle surface capable d’accepter l’ouverture d’un portail. Car en effet, vous ne pouvez en ouvrir un que sur les dalles blanches (ou les murs peints en blancs), et nulle part ailleurs.
On utilise certains cubes pour dévier les lasers et allumer des interrupteurs. On ouvre des portails sous le robinet de certains gels pour l’envoyer à d’autres endroits de la pièce. On jette des cubes sur les robots sentinelles, on ouvre un portail pour que les tunnels aériens soient prolongés ou déplacés à travers la pièce et nous entrainent à des positions impossible à atteindre autrement…
Bref, c’est encore tout un système de réflexion et d’analyse qu’il faut mettre en place.
Pour varier les plaisirs, toutefois, Valve a fait de Portal 2 une vraie histoire. On suit donc l’héroïne qui va rapidement abandonner les salles de tests pour s’aventurer dans l’envers du décor, à travers des passerelles, dans un premier temps, et dans les hangars de fabrication des robots ou des pièges pour les salles de tests. Puis dans les sous-sols d’Aperture Science et dans les toutes premières salles de test de l’origine de la firme, sorte de voyage dans le temps dans des décors en ruine. Il faudra là aussi faire preuve d’imagination et d’agilité de l’esprit pour « remonter à la surface », et progresser.
Et du début à la fin du jeu, vous allez donc passer votre temps entre salles de test et chemins de traverse.
Premier constat. Le système marche toujours aussi bien et est toujours aussi bien ficelé. On retrouve avec plaisirs le système de portails, agrémenté cette fois-ci de petites nouveautés, comme les gels ou les tunnels aériens, par exemple.
Deuxième constat. Le jeu est bon. Certes. Mais il est décevant.
En premier lieu, la durée de vie est tout de même très limite. Comptez 7-8 heures maxi pour venir à bout du jeu. Car autant le premier opus offrait de véritables challenges, autant celui-ci est d’une simplicité déconcertante. A part un ou deux puzzles qui pourront vous donner du fil à retordre, les autres se passeront les doigts dans le nez, sans mettre votre matière grise à l’épreuve. Et encore, les difficultés que vous pourrez rencontrer sur certaines salles de test vous demanderont simplement de comprendre le système de fonctionnement de ladite salle, mais aucunement d’échafauder un plan complexe pour résoudre les problèmes : à ce niveau-là, tout découle de source.
Ensuite, l’ambiance est finalement moins prenante. Au milieu des vannes pas drôles de Wheatley, ou des indications ridicules du créateur d’Aperture Science (à découvrir plus tard dans le jeu), il n’y a guère que les sarcasmes de votre ennemi principal, le robot fou, qui font encore mouche, sans pour autant se renouveler tout à fait. Les différents retournements de situations tout au long du jeu ne vous feront que sourire de manière sporadique, tout au plus.
Et on pourra surtout pester contre l’omniprésence de chargements. A chaque salle de test, quasiment, ou à chaque changement de lieu. C’est hyper fréquent, pénible, mal foutu (voix coupées, indications tronquées) et vraiment pas nécessaire.
Finalement, on se lasse assez vite. Et même la petite chanson de fin n’a pas la saveur et l’ironie du premier opus…
Le jeu solo étant d’une rejouabilité nulle, avouons que l’ensemble est un peu léger. Oh, pour autant, il ne faut pas bouder son plaisir. Même plus facile, plus répétitif et moins amusant que le premier opus, Portal 2 reste un très bon jeu, très agréable et suffisamment original pour que nous vous le conseillions. D’autant plus qu’un mode multi rajoute quelques heures de plus (environ 3-4).
Il s’agit de jouer à deux en incarnant deux petits robots, qui vont devoir passer les différentes salles de test. Là encore, c’est assez basique et pas vraiment difficile. On aurait aimé plus de challenge et une coopération plus poussée entre joueurs. Mais on ne boudera quand même pas notre plaisir.
Au final, donc, Portal 2 est un bon jeu. Mais décevant. Mais bon. Mais décevant. Mais bon…