Publié le Mardi 19 octobre 2010 à 12:00:00 par Cedric Gasperini
Les boules à Kaboul
Pas de doute : Call of Duty s’est imposé comme une nouvelle et incontournable référence en matière de FPS. Le succès de Modern Warfare et Modern Warfare 2 a dépoussiéré un genre qui avait parfois un peu trop tendance à croire que la seule époque pour défourailler de l’ennemi à tour de bras était la seconde guerre mondiale.
Medal of Honor a donc décidé de suivre ses pas en nous propulsant dans une guerre moderne. Exit les nazis ou les japonais, le nouvel ennemi est barbu, avec un turban, et parle arabe. Ce nouvel opus, qui signe le renouveau – que dis-je, la renaissance – de la série, vous plonge en plein Afghanistan, à la poursuite des talibans.
Vous faites partie d’une équipe de soldats d’élite, la fine fleur de la reconnaissance, le Tier 1. Ces experts sont devenus maîtres dans l’art de se fondre dans la population, d’infiltrer les lignes ennemies et de préparer le terrain pour l’armée régulière. De par leurs missions, ils évitent donc les treillis rutilants et les insignes étincelants accrochés à leur uniforme : ils se baladent habillés comme les locaux, turbans et barbe de plusieurs mois, sentant la crasse et la biquette. Ces missions seront pour la plupart nocturnes, toutes en finesse (enfin presque), fusil de sniper en mains et couteau entre les dents.
Mais parce que la guerre se fait aussi en plein jour et n’est jouissive que quand elle pète de partout, vous jouerez également des soldats de l’armée régulière. Là, ce sera la grande baston. Lance-roquettes, chars d’assaut, mitrailleuse lourde et tout le toutim.
Ajoutez un brin de conduite d’hélico, quelques cibles à marquer pour les bombardiers, et le tableau n’est pas loin d’être complet.
Dans un scénario sans véritable logique et, surtout, sans véritable liant entre les missions, vous allez donc passer d’un aéroport abandonné à un village afghan, des montagnes enneigées à une ville arabe en plein jour… bref, vous allez faire une petite visite de ce pays dévasté par les américains affrontements depuis des années.
Voilà voilà voilà.
Tiens, une fois n’est pas coutume, nous débuterons véritablement le test en vous parlant du mode multijoueur. Parfaitement. Autant commencer par le meilleur, non ?
Ce mode a été développé par les petits gars de chez DICE, à qui l’on doit déjà la série des Battlefield. Autant dire que le multi, ça les connaît.
Pour le coup, ce mode multi est tout ce qu’il y a de plus classique. Sans surprise. Sans innovation réelle. Sans petite étincelle qui le placerait au-dessus de ce qui existe déjà. Mais n’allez pas conclure qu’il est mauvais. Non, il est très classique, mais bon. DICE a assuré ce qu’il fallait pour le rendre suffisamment intéressant et bien foutu.
Si l’on oublie ces quelques parties pourries par des campeurs et que l’on a la chance de tomber sur des gens sympathiques qui jouent véritablement le jeu, le multi offre de longues heures de plaisir.
Quatre modes de jeux sont disponibles. Deathmatch, Contrôle du secteur (un mode identique au mode Domination classique), Objectif Raid (places à défendre face aux autres joueurs qui veulent les faire sauter) et Mission de combat (prendre des points stratégiques). Le tout jusqu’à 24 joueurs, en 12 contre 12.
Les joueurs pourront choisir entre trois classes de personnages. Sniper, forces spéciales et fusilier. Le premier, en plus de dézinguer à longue distance, peut poser des charges explosives. Le second est armé d’un M4 et d’un bazooka. Le dernier est un soldat de base, avec M16 lance-grenades. Le soutien, l’artillerie lourde et le polyvalent, en quelques sortes.
Vous pourrez les faire évoluer au fur et à mesure des points d’expérience récoltés. Nouvelles armes et nouvelles capacités seront débloquées au fil des 15 grades que vous monterez.
Bref le multi est agréable, sympathique, bien foutu, mais reste dans la veine de ce que l’on connaît déjà, qui existe déjà ailleurs. Il faudra par contre sérieusement s’occuper de ce problème de joueurs qui campent et pourrissent les parties, les rendant la plupart du temps plus pénibles et injouables qu’autre chose.
Pourtant, le multi, c’est vraiment l’intérêt premier, voir le seul intérêt du jeu.
Parce que comment expliquer la campagne solo de Medal of Honor sans se fâcher ni avec les gens d’Electronic Arts, ni avec les bouffons développeurs de Danger Close ?
D’une durée de vie avoisinant, en mode difficile, les 5 heures à peine, elle n’a, en vérité, strictement aucun intérêt et représente finalement plus une longue et intense douleur, une sorte de chemin de croix, qu’un véritable plaisir.
Trop courte, donc. Pleine d’incohérences, pleine de bugs, pleine de choses inachevées, pleine d’IA ridicule…
Déjà, on se promène toujours à 4 soldats. Chouette. En mode solo et sans mode coop. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, ça me gonfle terriblement d’être aux bottes d’une bande de militaires débiles et de devoir leur obéir aveuglément, m’enlevant finalement toute part d’initiative. On suit les ordres, on ouvre une porte, le tout dans des chemins ultra-balisés à la limite du ridicule. Passer par une fenêtre ouverte ? Non. Tu vois, y’a la porte à côté, là, et tu dois obligatoirement l’emprunter. Oui mais la fenêtre donne sur la même cour… Non, tu prends la porte et c’est tout.
Bref, c’est d’un lourd… surtout que c’est assez fréquent de ne pas pouvoir passer par-dessus un petit muret ou une ouverture, juste parce que le jeu veut vous faire traverser un chemin bien précis, histoire de déclencher un script bien précis. Certains ont d’ailleurs parfois un brin de mal à se déclencher, soit dit en passant.
On passera également sur le fait de se balader en quad dans les montagnes la nuit, pour une discrète randonnée. C’est bien connu, le quad, surtout en montagne et la nuit, ça ne réveille pas tous les villages situés autour dans un rayon de 30 bornes.
On passera sur les munitions, illimitées puisqu’il suffit d’en demander à ses alliés quand on arrive à court.
On passera sur les bugs de collision, alliés comme ennemis n’hésitant pas, parfois, à traverser un bout de rocher ou de mur pour avancer.
On passera sur les fois où, n'ayant pas tout à fait suivi les ordres et déclenché les hostilités trop tôt, le jeu se bloque (alliés qui restent à un endroit, empêchant d'atteindre l'objectif suivant... et comme il faut obligatoirement qu'ils soient avec vous pour réussir à ouvrir une porte...) obligeant à relancer la mission du début...
On passera sur les fois où, essayant de regarder par une porte ou une petite ouverture, on se rend compte que derrière… il n’y a rien. Juste du vide. Interdiction de passer par là et de même regarder par-là. Oui chef mais y’a une ouverture et je voulais jeter un œil par curiosité et… Non. Un soldat suit les ordres avec des œillères et ne regarde pas par les trous de serrure ou les jours sous les portes fermées. Non mais.
Sans parler de l’IA ridicule, d’un autre âge. Les ennemis sortent la tête toujours au même endroit, mal planqués derrière leurs protections. Vos alliés, heureusement immortels, n’hésitent pas à camper debout sous le feu ennemi. Et surtout, ces gros blaireaux n’hésiteront pas à vous bloquer un passage. Comme dans ce hangar où l’on me demandait d’aller en reconnaissance un peu devant. Certes. J’étais à l’étage, avec un compagnon d’infortune. Deux autres étaient en bas. Celui près de moi était dans l’encadrement de la porte, à genoux. Devant lui, des escaliers qui m’auraient permis de descendre et d’atteindre mon objectif. Seulement impossible. Impossible de le faire bouger. Impossible de sauter par-dessus. Et impossible de passer par la fenêtre. J’ai dû rebrousser chemin et faire un gros détour pour descendre. De rage, je lui ai bien vidé mon chargeur sur la tête, mais vu que le tir ami n’est pas pris en compte, ça n’a même pas calmé mes nerfs.
Bref. Bugs, IA affligeante, durée de vie ridicule, gameplay classique et sans génie… Medal of Honor, pour sa campagne solo, ne vaut vraiment pas le prix du jeu. Il ne vaut même pas le nom Medal of Honor, et lui fait limite honte. Aucune intensité, aucun réel plaisir… il y a de vrais coups de pied au cul qui se perdent. On se demande à quoi a été fini le jeu.
Heureusement, il est assez joli. Pas révolutionnaire là non plus, mais plutôt pas mal. L’ambiance sonore comme les effets spéciaux, notamment les jeux de lumière, sont vraiment bons. Pas de quoi sauver le marasme du solo, mais suffisamment plaisant pour adoucir la déception.
Pour conclure, pas de doute, Medal of Honor est une énorme déception. Il n’est même pas, pour le moment, réellement sauvé par son multi, pourtant très prometteur et vraiment agréable quand on joue entre gens civilisés et honnêtes, puisqu’il est actuellement pourri par de nombreux campeurs. Vivement un correctif pour empêcher ce problème. Pour le reste, ma foi, le solo est à oublier bien vite. On attendait un renouveau de la série, on espérait un véritable concurrent à Call of Duty, et finalement, on a eu droit à ça… Activision peut dormir sur ses deux oreilles encore longtemps.