Publié le Lundi 1 février 2010 à 08:30:00 par Cedric Gasperini
Test : Heavy Rain (PS3)
Red Rain coming down over me in the red red sea...
Pour être tout à fait honnête, depuis que j’ai eu le privilège de découvrir le jeu à la Games Convention en 2008, j’ai suivi Heavy Rain de près. De très près. La beauté du jeu, déjà. Ses promesses, ensuite. Et puis se sont succédées les présentations à la GamesCom de 2009, puis la preview. Et avoir récemment pris le jeu en mains m’a convaincu que David Cage allait taper fort. Très fort.Heavy Rain, c’est l’histoire de quatre personnes.
Ethan Mars est un père de famille aimant. Architecte, il vit heureux avec sa femme et ses deux fils.
Scott Shelby est un privé.
Madison Page est une journaliste insomniaque.
Et Norman Jayden est un agent du FBI.
Et tous vont voir leur vie bouleversée par le tueur à l’origami. Le fameux tueur qui noie des enfants, laissant sur le corps de ses victimes, un origami, ces petits pliages japonais en forme d’animaux.
Le jeu commence doucement. Très doucement, diront même certains. C’est pourtant l’occasion de se familiariser avec les contrôles et le système très particulier du jeu. Ethan est chez lui. Il se lève, prend sa douche, va aux toilettes, s’habille et, en suite, s’occupe jusqu’au retour de sa famille. Au choix, vous glandez devant la télévision, vous reposez dans le jardin, travaillez… c’est vous qui décidez. Et puis madame revient. Dès lors, vous avez une nouvelle fois le choix : l’aider à ranger les courses, mettre la table, ou aller dehors jouer avec vos enfants… ou rien. Cette intro, assez longue, se terminera dans la douleur : dans le centre commercial, l’un de vos fils échappe à votre garde et se fait renverser par une voiture.
Un conseil : entrez dans le jeu. Directement. Ne faites pas le fanfaron avec des « ouais, on fait rien, c’est nul, ouais, les contrôles sont nuls, ouais, c’est mou ». Faites l’effort de vous approprier le jeu et les personnages. Le jeu commence doucement, certes, mais rapidement, vous allez vivre l’une des plus belles expériences vidéoludiques de votre existence de joueur.
Car Quantic Dream a fait très très fort. Très fort sur les sentiments, sur l’ambiance, sur ce que le joueur va ressentir. Dès cette introduction, il est plongé dans un tourbillon de sensations. Et ces sensations vont le prendre aux tripes. Un véritable mal-être, délicieux, qui ne va pas vous lâcher de toute l’aventure.
2 ans ont passés. Ethan s’est séparé de sa femme. Il s’occupe bien (ou pas, selon vos choix, encore une fois), de son autre fils. Jusqu’à ce jour tragique où ce second fils disparaît. Il a été enlevé par le tueur aux origamis. Ce tueur qui va demander à Ethan de résoudre plusieurs énigmes pour sauver son fils. Vous ferez dès lors la connaissance de Scott Shelby, privé mandaté par les familles des autres victimes. Il va de son côté tenter de trouver des preuves qui le mèneront au tueur.
Norman Jayden, lui, est un agent du FBI mandaté pour retrouver ce fameux criminel. Il est équipé d’un système informatique d’analyse et de renseignements composé d’un gant tactile et de lunettes. Il va ainsi étudier les indices, récolter des preuves… interroger des témoins, aussi.
Enfin, Madison Page, elle, est une photographe insomniaque dont le destin va la mettre sur la route d’Ethan. Elle lui filera un petit coup de main. Pardon, un gros coup de main, de temps en temps.
Vous allez donc diriger tour à tour ces personnages et suivre une véritable enquête. Et tous vos choix, toutes vos actions, auront une incidence sur le déroulement du jeu et sur sa fin. Sauverez-vous l’enfant ? Si oui, avec quel(s) personnage(s) ? Qui survivra ? Qui mourra ?
Après avoir joué et rejoué à Heavy Rain, on se rend compte que vos actes, paroles ou décisions, mèneront à 2 ou 3 fins différentes pour chaque personnage, celles-ci se mêlant les unes autres, et donc proposant, grosso modo, une dizaine de fins possibles au total. Peut-être plus.
Premier constat, le scénario d’Heavy Rain est une tuerie. Vraiment. Un véritable film. Prenant. Avec son lot de suspens, de moments très forts, de rires, de sourires, de pleurs, d’adrénaline. Avec ses rebondissements (je dois avouer n’avoir pas vu arriver la fin).
C’est sans aucun doute le meilleur scénario de jeu jamais écrit.
Le tout servi par une mise en scène exceptionnelle. Le rythme, la musique, l’alternance des scènes… tout est vraiment prenant.
Le jeu offre une liberté de mouvement et d'action assez conséquente. Dès qu’une de ces actions ou une interaction avec un objet est possible, une touche ou un mouvement de stick de la manette lui est attribué et s’affiche à l’écran. A vos d'en profiter ou non en effectuant ladite action ou pas. Car on n'est pas obligé d'ouvrir le réfrigérateur. On n'est pas obligé de prendre le crayon. Vous choisissez ce que vous voulez faire, ou non. Et si au début, on est tenté de tout essayer, on se rend compte rapidement que l'on réagit comme on réagirait en vrai dans une telle scène, donnant de l'importance à certains détails et en laissant d'autres de côté. On vit dans la peau du personnage. C'est le même sentiment de paisir et de liberté que nous avions découvert étant gamins dans les "livres dont on est le héros". Là, dans Heavy Rain, on se rend compte que pour la première fois dans un jeu vidéo, on ne joue plus vraiment, on est.
Lors des scènes plus rythmées, il faut enchaîner les boutons à presser, les mouvements de sticks à faire… que ce soit lors des affrontements, ou simplement pour jongler, pour pousser une balançoire, lancer un frisbee… un peu comme un Quick Time Event (QTE) serait-on tenté de dire. Oui, peut-être, mais ce serait cataloguer Heavy Rain bien vite. Et bien mal, en fait. Parce que c'est tellement plus que ça. On se déplace avec la gâchette basse droite, on change de caméra avec la gâchette haute gauche, on choisit la direction avec le stick gauche et, grosso modo, les boutons R1, rond, carré, croix, triangle et le stick droit servent à réaliser des actions ou faire des choix.
Heavy Rain. Plus qu’un jeu, un film. Et un très bon film. Un très bon film qui se regarde et se joue en une dizaine d’heures. Avec un tel pouvoir de rejouabilité qu’on pourrait carrément ajouter… une dizaine d’heures supplémentaire. Chaque scène est rejouable indépendamment, en continuant ou non l'histoire, en sauvegardant ou non sa nouvelle progression à partir de n'importe quel moment... une liberté de sauvegarde très louable, également. L’idéal, finalement, est de faire comme nous avons fait avec Vincent. J’ai joué, il a joué, j’étais là quand il a joué et j’ai pu observer les différences de choix, les chemins pris, les conséquences. Et j’ai « revu » le jeu avec plaisir.
Alors ok. Certains se la joueront « bah, ce n’est qu’un QTE, ça ne m’intéresse pas ».
Si ça leur fait plaisir. Ils se priveront alors d’une expérience d’une force incroyable. Qui va vous prendre aux tripes. Tellement fort, tellement puissant, tellement…
Heavy Rain est excellent. En dépit de quelques regrets (j’aurais aimé la possibilité d’une fin vraiment immorale). En dépit de quelques bugs d’affichage, assez rares toutefois. En dépit de déplacements parfois un peu lourds.
Le jeu est sublime. Une vraie claque. Le travail d’acteurs est formidable. De mise en scène aussi.
Bref, je pourrai continuer pendant des heures et des heures à vous raconter ce qu’est Heavy Rain, ce qu’il n’est pas, et combien il mérite votre intérêt.
Certains détesteront la jouabilité. C’est vrai qu’elle est parfois lourdingue et que les déplacements sont d'une rigidité déconcertante. Certains n’accrocheront pas. Et ils passeront à côté de ce qui est, pour moi, l’une des meilleures expériences de jeu vidéo de ma carrière. J’ai plongé sans retenue dans l’histoire. J’ai adoré. Tout. Tous les personnages. Toutes les intrigues. Et j’espère sincèrement que vous en ferez de même.
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Heavy Rain (PS3)
Images du jeu Heavy Rain (PS3) :
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