Publié le Vendredi 19 juin 2009 à 00:00:00 par Pierre Le Pivain
Minuit, l'heure du crime...
L'assassin qui valait 70 euros
Ce qu’il y a de cool, lorsqu’on n’a pas de pression de la part d’un rédacteur en chef, c’est qu’on peut prendre le temps de prendre les choses, de les analyser, de les digérer un grand coup avec pas mal de recul, et enfin, d’offrir le résultat de cette dite digestion à un lectorat auprès duquel on se donne le droit de ne pas être d’accord avec lui.Evidemment, lorsque je parle de « digestion », cela ne veut pas dire pour autant que je vais me permettre d’assouvir des besoins naturels sur le moniteur, clavier, ou l’unité centrale des internautes qui sont en train de lire ces quelques lignes. Ici, il est question d’éviter de regarder cette digestion « par le bas»… Mais « par le haut».
Et puis, en ces temps de sur-communication, chier sur la gueule d’autrui est devenu un sport tellement facile, que je tacherai d’épargner cette médiocrité mentale à celles et ceux qui prennent la peine de parcourir ces Chroniques Irrégulières. L’école du mépris, c’était rigolo dans les années 80… On est presque trente ans plus tard : on laissera cette discipline à des présentateurs de jeux télévisés dans lesquels on ouvre des boîtes pleines de vide.
Tout ceci pour dire que c’est un étrange concours de circonstances qui m’a forcé de prendre le clavier, à défaut de prendre la plume, et que cet événement tourne autour d’Assassin’s Creed. En l’espace de deux semaines, j’ai terminé le jeu dans sa version PC, appris la date de sorti du deuxième volet, eu une conversation à propos des « Serious games », lu les déclarations d’Yves Guillemot à propos du coût du développement des jeux sur les futures générations de consoles, et suis allé sur un site marchand… Tout est lié.
Si, l’année dernière, Assassin’s Creed était considéré comme LE chef-d’œuvre du jeu vidéo des derniers 365 jours, le fait de l’avoir terminé me pousse à dire que « non… Assassin’s Creed n’est pas un bon jeu »… Cedric me fera même pas la gueule, en essayant de me convaincre que ce titre d’Ubisoft est un jeu fantastiquement bien, tout comme il essaye de me convaincre, depuis des années, que la Wii est une bonne console de jeux vidéo. Je réitère, persiste, et signe : Assassin’s Creed n’est pas un bon jeu… Certes, ce n’est pas un mauvais jeu non plus, sinon je ne l’aurai pas fini… Mais non… Assassin’s Creed n’est pas un bon jeu. Pardon aux familles, tout ça.
Pour faire simple, si je reconnais que techniquement, le jeu est au top, tant dans la modélisation de l’environnement, que dans les réalisations des combats (et pour pratiquer des arts martiaux, il faut reconnaître que le travail fait à ce niveau, dans le jeu, est une référence absolue), le jeu rate son coup, parce qu’il n’a pas su exploiter la narration qu’il véhiculait. Ici, le scénario a été écrit à la va-vite. Les incohérences sont incroyablement nombreuses. Les nœuds dramatiques brillent par leur absurdité, et le travail de background semble avoir été bâclé. La « story line » ne sert, ici, qu’à faire l’habillage d’un gameplay qui sombre, du coup, dans une répétition de micro-tâches et micro-missions à exécuter. Si on est bien pris pendant les premières missions, on enchaîne le reste sans conviction, et, dramatiquement, sans excitation. Le jeu devient alors lassitude, rompu parfois par le ridicule de certaines situations, dont le point d’orgue réside dans le fait d’avoir volé un stylo dans la poche d’un scientifique, sans que cet acte n’ait servi à quoique ce soit pour la suite des évènements. Bref… Bonnes intentions, mais mauvais scénariste (ou alors, il est peut-être bon d’habitude, mais ce jour là, il avait un gros rhume). Et puis, je ne parle même pas du fait qu'il fallait couper sa liaison Internet pour y jouer sans avoir des interruptions de jeu de 20 secondes à chaque évènement, du genre « assasinage de garde » (évènements qui étaient du genre très fréquents).
Aussi, lorsque j’ai appris la date de sortie du deuxième volet d’Assassin’s Creed, je me suis dit « j’espère qu’ils seront plus au point en ce qui concerne le scénar, parce que, bon… C’était pas top, tout de même ». La chose est devenue alors d’actualité lorsque, sur la page FaceBook d’un confrère, j’ai eu une conversation soutenue à propos de ce qu’on appelle les « Serious Games »… En gros, on en arrivait à essayer de définir la frontière qu’il y avait entre les Serious Game, et les jeux pouvant présenter un caractère éducatif, et j’écrivais (si j’ai bonne mémoire) qu’Assassin’s Creed aurait pu être le premier « Serious Game » digne de ce nom, si les auteurs avaient pris la peine de se documenter davantage sur les Assassins, sans forcément sacrifier du gameplay au profit d’un aspect plus historique et rébarbatif de la secte des assassins. Notre discussion s’arrêtait alors sur le fait « pourvu que le scénario d’Assassin’s Creed 2 soit bon ».
Evidemment, j’en vois deux au fond de la classe, l’air narquois, qui doivent être en train de dire « ben vas-y, gros malin, qu’est ce que tu aurais fait à la place du scénariste ?»… une fois de plus, si l’art est difficile, la critique doit l’être davantage. Aussi, si je m’étais retrouvé à la place du scénariste, j’aurais commencé par me documenter. Voici donc un petit topo de l’histoire des assassins, rien que pour vous.
Si son origine reste à ce jour encore floue, située quelque part à l’aube du VIII ème siècle, on considère que la secte des assassins a pris corps suite à un schisme politique au sein de la religion musulmane (il faut considérer d’un côté le courant religieux, et de l’autre le pouvoir politique qui s’inspirait alors du mouvement). Pour être plus précis, les « assassins » furent nommés ainsi car ils s’appelaient entre eux, et dans leur dialecte Heyssessini.
Ce sont les croisés qui les définissent alors à l’époque comme une secte de sarrasins vivants dans les montagnes, appelés en romain Segnors de Montana. Selon un rapport envoyé à l’Empereur Frédéric Barberousse, en 1175, « …/… cette race d’hommes vit sans loi, ils mangent de la chair de porc contre la loi des sarrasins et disposent de toutes les femmes, sans distinction, y compris leur mère et sœurs. Ils vivent dans les montagnes et sont presque inexpugnables, car ils s’abritent dans des châteaux bien fortifiés. Leur pays n’étant pas très fertile, ils vivent de leur bétail. Ils ont un maître qui frappe d’une immense terreur tous les princes sarrasins proches ou éloignés, ainsi que les seigneurs chrétiens voisins, car il a coutume de les tuer de bien étonnante manière…/… »
Au début, le terme ne désigne pas le type chargé de tuer, mais bel et bien quelqu'un qui a une dévotion immense envers son maître. L'acte de meurtre attaché à l'assassin arrive bien plus tard dans l'histoire. De source arabe et persane, le mot « assassin » est d'origine locale, et il désigne les Ismaéliens de Syrie, avant tout (les ismaéliens, en gros, c'est une branche dissidente dans la mouvance de la religion Islamique). Pour être plus précis, l'Assassin désigne un membre du mouvement nizârite du mouvement ismaélien
Le rapprochement entre Assassin et haschich vient d'une étude rendue publique le 19 mai 1809. Pour être précis, cette étude rejetait toutes les autres thèses géopolitiques établies jusqu'alors, et mettait en avant le fait qu'Assassin avait pour origine le mot arabe « hachîch » (herbe sèche ou fourrage). Par la suite, le terme a été rapproché du chanvre, connu pour ses effets rigolos sur la conscience d'autrui. Silvestre de Sacy, l'auteur de cette étude, partait du principe que les chefs des organisations faisaient usage du chanvre pour montrer un avant goût du paradis aux assassins, afin de leur garantir qu'ils auraient droit au paradis s'ils mourraient dans le cadre de leur mission.
Le fait de dire que les assassins carburaient au haschich pour mieux réaliser leur contrat a été appuyé assez tardivement par la suite. Plus sérieusement, l'usage des stupéfiants par les assassins est mis en doute. Primo, le Haschich était connu de longue date dans cette région du monde, et accessible « relativement facilement » détruisant ainsi le mythe de l'adepte carburant à la substance secrète qui fait rire au milieu d'un contrat. Secundo, l'usage de la drogue par un assassin n'est attesté, à ce jour, par aucun auteur ismaélien ou sunnite sérieux. Tertio, l'étude de Silvestre de Sacy s'est appuyée sur les écrits de Marco Polo qui décrivait des scènes dans lesquels des illuminés entraient dans un palais pour s'envoyer en l'air à coup de stupéfiants. Enfin, Quarto, le terme serait à rapprocher à un terme Syrien de l'époque, insultant pour le moins, Hachîchi (traduisez par « cul-terreux » ou « bouseux »)
Rien qu’avec ça, il y a une foule de choses à écrire. Mais même en se passant de cette documentation, le scénario de base d’Assassin’s Creed avait pourtant des potentiels qui semblent ne pas avoir été exploités. Arrivé à la fin du jeu, on se pose des questions idiotes. Si cela est réalité virtuelle, pourquoi le Maître d’Altaïr, disposant du pouvoir absolu qu’il obtient, ne « supprime » pas l’existence d’Altaïr lui-même, ce dernier étant alors contrait de retrouver un moyen de rentrer de nouveau dans cette nouvelle réalité modifiée ? Plus simplement : pourquoi Altaïr n’a-t-il pas été vendu à la fin de son dernier contrat : c’est pourtant l’ABC de toute méthode visant à rendre tout complot « inattaquable » ? Altaïr a-t-il déjà visité une prison turque ? Pourquoi se lancer dans la collection de stylos-bille ?
Vivement Assassin’s Creed 2.
Mais cet espoir s’est fait ternir, il y a peu de temps, par les déclarations d’Yves Guillemot, PDG d’Ubisoft, qui annonce que les prochains jeux développés pour les prochaines générations e consoles devront avoir un budget de développement passant du simple au double… Est-ce la fin des « petits » développeurs ? Pour le moment on s’en fout… La « Current Gen » ayant, selon Yves Guillemot, encore pas mal de temps devant elle… Reste que le prix annoncé de Assasin’s Creed 2 sur PC laisse pantois. Certains sites commerçants l’annoncent à 70€… pour le PC… A l’heure où des jeux PC comme Bioshock ou Crysis tournent à 20€… Assasin’s Creed 2 à 70€… Et la version n’est même pas la version Collector… Le surcoût de développement des futur-jeux aurait-il pris de l’avance, ou le PC est-il considéré (à juste titre) comme une plate-forme next-gen permanente ?
Soit c’est un prix annoncé par l’éditeur… Soit c’est un prix spéculé par le site commerçant… Dans les deux cas, on est en droit de se demander qu’est ce que fait Ubisoft. Si c’est le prix attendu, c’est, quel que soit la qualité du jeu PC, une arnaque, si c’est une « fantaisie » de la part du site marchand, il serait de bon ton que monsieur Guillemot (ou qui que ce soit de sensé chez Ubisoft) prenne son téléphone, et dise clairement aux responsables du site marchand « arrêtez vos conneries… C’est pas le moment de flinguer davantage le jeu vidéo… Surtout en temps de crise »…
Ouais… Vivement assassin’s Creed 2
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