Publié le Dimanche 9 avril 2017 à 12:00:00 par Cedric Gasperini

 

L'Edito du dimanche

Massacre à la tronçonneuse

L’édito du Dimanche est une des news les plus lues sur Gamalive. Ce qui explique aussi – outre le fait que c’est moins cher qu’un psy – sa longévité. Je tiens toutefois à rappeler à celles de mes proches qui le lisent régulièrement, et je vise particulièrement Maîtresse Carole, Stéphanie (je vous ai déjà parlé d’elle ?) ou encore Faustine (que des femmes, vous avez remarqué ?), que ça ne sert à rien de me mettre la pression chaque semaine à me demander de quoi je vais parler. Je n’en sais généralement rien avant de me retrouver devant ma saloperie de page Word blanche et mon clavier où s’éparpillent quelques miettes de sandwich et quelques tâches de cassoulet. Le dimanche matin (sauf exceptions), je me lève, je m’installe devant mon ordinateur et je me demande ce dont je vais bien pouvoir parler. Pas de divan où m’allonger, parce que ce n’est pas très pratique pour tenir un clavier, mais un fauteuil défoncé par des heures passées à écrire ou à faire d’autres trucs que la morale réprouve et que je n’évoquerai pas ici parce que ça ne regarde que moi.

Et puis d’abord, je ne suis pas d’humeur. Déjà parce que j’ai super mal à l’épaule. J’ai dû me déplacer un truc à l’intérieur, ce n’est pas possible autrement. Il faut dire, hier, j’avais stage tronçonneuse. Si, si. C’est absolument véridique. De nos jours, il faut savoir se diversifier. Vous le savez, la batte de baseball, c’est un peu mon truc. Aujourd’hui, je la maîtrise plutôt bien. Disons en toute modestie que je pourrais rivaliser avec les Joe DiMaggio, Lou Gehrig, Jackie Robinson ou encore Mickey Mantle. Dans mon style à moi.
Mais l’important, c’est d’avoir plus d’une corde à son arc. Enfin, vous voyez ce que je veux dire, même si c’est quand même une grosse expression à la con parce que je ne sais pas si vous avez déjà essayé de tirer une flèche avec un arc à plusieurs cordes, mais c’est quand même nettement moins pratique.

Enfin bref. Hier, j’ai eu un stage de tronçonneuse. Déjà, j’avoue, j’ai refusé de porter la tenue règlementaire. La chemise à carreaux molletonnée, ça me boudine, je déteste ça. J’étais au milieu de trois canadiens, donc, qui étaient là pour apprendre le métier national. Alors que moi, j’étais là uniquement pour apprendre à manier cet engin bien plus complexe qu’il n’y paraît, la complexité venant principalement de son poids et de la nécessité de couper au plus près des articulations pour un meilleur rendement. On a tôt fait de péter sa chaîne sur un os un peu trop épais, croyez-moi.
« Monsieur Gasperini, arrêtez de faire des moulinets avec votre tronçonneuse, vous allez finir par blesser quelqu’un ! »
« Ben c’est le but, non ? »

Certes, mais avant d’atteindre la destination, il faut arpenter le chemin

(ça ressemble à un proverbe chinois à la con, mais c’est de moi, comme quoi moi aussi je pourrais être assis en pyjama en haut d’une montagne à sortir des préceptes niaiseux).

J’ai donc coupé du bois. Tout l’après-midi. 3 arbres abattus. Et c’est vrai, j’ai encore beaucoup à apprendre : je n’ai même pas réussi à en faire tomber un sur un type. Deux fois c’est passé à un cheveu, mais à chaque coup, y’a un crétin à côté de moi qui gueulait « Timber » pour les prévenir et ils avaient le temps de s’écarter. C’est là aussi que j’ai appris que « Timber » n’est pas le diminutif de Justin Timberlake, parce que franchement, on se demande ce que ça pourrait bien foutre là, mais que ça veut dire « Bois » et que c’est le cri du bûcheron qui vient d’abattre un arbre. « Timber ». Pas « Timber dans ta gueule » comme me le faisait remarquer le prof. Juste « Timber ».

Et donc, j’ai dû me déplacer un truc parce que depuis, j’ai super mal à l’épaule. Et forcément, ce matin, au réveil, je me suis rendu compte que j’avais dormi la tête dessus. Et pour couronner le tout, j’ai appuyé sur le bouton « café court » au lieu de « café long » ce matin. Et j’ai fait tomber ma tartine. Sauf qu’en voulant la rattraper, j’ai tapé dedans et elle est allée s’exploser contre le mur. Pleine de beurre et de confiture. Et justement, je venais de finir la confiture.

Alors oui, et merde et re-merde, j’ai toutes les raisons d’être de mauvais poil ce matin. Comme dirait ma femme, qui m’adore toujours autant à tel point qu’elle a préféré se barrer à la piscine ce matin pour éviter ma compagnie, de toute manière, je suis toujours de mauvais poil et ça ne s’arrange pas avec le temps. Certes. C’est simplement que j’en ai aussi un peu ras-le-bol de laisser agir les cons en fermant les yeux sur leur insupportable comportement. Et puis je vous l’ai déjà dit : au printemps, j’ai des allergies. Alors si je ferme les yeux, ils sont collés. Attends que je lui charcute sa caisse au tournevis, au connard qui se gare au supermarché sur deux places. Je vais m’improviser shampooineur de la vieille pétasse qui depuis 3 ans fait régulièrement chier son clébard au pied du lampadaire situé juste devant chez moi et dont je viens tout juste de découvrir l’identité.
Et le petit Côme dont ma fille cadette vient de m’avouer qu’il voulait tout le temps lui faire des câlins, il va passer un sale quart d’heure dès que les cours vont reprendre. Et pas la peine de me dire de « laisser couler » ou « d’y aller mollo » sous prétexte qu’il est en CP. Y’a pas d’âge pour apprendre à ne pas toucher mes filles.

Ah purée, en fait, ça m’a filé la pêche, tiens, de vous parler de tout ça. Merci Docteurs. C’est le printemps. Il fait beau. Je vais sortir péter quelques culs avec mes chaussures coquées, tiens ! Parce que si j’ai mal à l’épaule, les jambes, elles, vont parfaitement bien ! Ah purée, j’suis en forme ! Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortiiiiiir !